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Le journal de Pok
30 novembre 2015

Richard Hawley à l'Alhambra le mercredi 25 novembre

2015 11 25 Richard Hawley Alhambra (2)"Don't be afraid" est l'hommage que Richard Hawley nous aura rendu, à nous, public parisien, dans un moment d'intense émotion au milieu d'un set très électrique, très bruyant et régulièrement très drôle - quand Richard se laisse aller à des échanges humoristiques avec son public qu'il aime visiblement bien malmener un peu. Le rappel débutera par un toast au vin rouge sur un "Vive la France" entonné de tout cœur, et se terminera sur un All you need is Love (avec son intro Marseillaise) de circonstance. Voilà pour le respect dû aux victimes de la barbarie.

Parlons maintenant de cette heure quarante de démonstration époustouflante de guitare électrique à laquelle nous avons assisté : on pourra certainement regretter que la grande voix de crooner de Richard Hawley n'ait pas été à l'honneur ce soir, hormis sur l'enchaînement poignant de Open Up your Door avec Tuesday PM ("the quietest song I ever wrote. And also the most miserable"), et pendant le rappel de luxe nous offrant une version romantique de Coles Corner avant la déferlante épique des vagues de The Ocean... J'ai entendu à la sortie plusieurs spectateurs ronchonner en comparant ce concert très "rock" aux albums beaucoup plus "profonds" : en fait, il suffisait de voir le nombre impressionnant de pédales d'effets fixées au sol, aux pieds de Richard et de son second guitariste, pour comprendre tout de suite que le but de la soirée était de faire du bruit, de jouer fort (même si j'aurais quant à moi apprécié un peu plus de décibels, cette musique était faite pour exploser la tête des spectateurs !), de jouer intense. A ceux qui n'avaient pas encore compris, aux deux tiers du set, Richard leur a d'ailleurs dit : "ce qui est marqué sur votre billet est un peu mensonger en fait, ce n'est pas "Richard Hawley" ce soir, c'est un groupe qui joue...".

2015 11 25 Richard Hawley Alhambra (24)Bon, ce décalage entre les attentes légitimes d'un public un peu âgé (tout le monde s'est précipité au balcon à l'ouverture des portes pour profiter des sièges, laissant initialement quatre pelés et trois tondus - dont moi, bien sûr - au premier rang dans la fosse de l'Alhambra) n'a pas posé de réel problème : très vite une complicité chaleureuse s'est établie entre un Hawley assez joueur (l'humour du Nord de l'Angleterre, imparable) et ses fans, et le groupe a dû interrompre au moins deux fois le set parce que les spectateurs n'arrêtaient pas leurs ovations. Autour de moi, au premier rang, j'entendais les phrases suivantes : "le meilleur concert de Richard Hawley que j'aie jamais vu" ou bien "tout simplement exceptionnel". Avons-nous bénéficié de l'effet "dernier concert d'une longue tournée avant de retourner à Sheffield, la maison" ? Ou bien d'un désir de la part de la bande à Hawley de marquer par un passage mémorable une ville blessée dans son cœur par les événements du 13 novembre ?  En tous cas, le niveau musical a été stratosphérique ce soir...

Pour mieux déchaîner la foudre, la set list était largement consacrée à l'album le plus extrême : "Standing at the Sky’s Edge", et des titres comme Standing at the Sky’s Edge,  ou encore le stoogien Down In the Woods étaient tout simplement parfaits pour générer cette intensité électrique que l'on associe plus naturellement avec des groupes comme The Jesus and Mary Chain ou Black Rebel Motorcycle Club ! Les morceaux calmes ont été rares (mais logiquement appréciés...) et les guitares ont mené le bal : une petite surprise pour moi de réaliser que les solos stridents du magnifique Heart of Oak (un vrai crowd pleaser, celui - là !) étaient dus au second guitariste, et non à Hawley lui - même !

J'ai envie pour le plaisir de revenir sur la conclusion épique, sonique, du set : cet impressionnant The Ocean avec ses deux guitares qui construisent une pyramide incandescente, et sa mélodie qui ne quittera plus notre tête pendant le reste de la nuit. Richard Hawley, derrière son allure pas très glamour de teddy boy désormais un peu enrobé, avec bec de lièvre et lunettes de vue pour ne rien arranger, est une Bête, un vrai grand rocker, digne successeur des Elvis ou Cash des origines (... aussi bien que de Sinatra et Nat King Cole, d'accord !). Oui, je n'exagère pas, c'est à ce niveau - là qu'il se situe désormais. Que la vaste majorité de la Planète l'ignore et préfère célébrer des nains artistiques ne dit rien de bon sur notre époque.

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