Je me rends compte que j'ai détesté la plupart des films de Rappeneau (à l'exception de "Cyrano", pour le texte et pour Depardieu) qui m'a toujours semblé un bien piètre réalisateur, courant comme un dératé après la virtuosité hawksienne des screwball comedies sans en avoir ni le talent ni même l'audace, et terminant par faire du mauvais théâtre de boulevard : le prototype du cinéma petit-bourgeois franchouillard, ringardisé très rapidement à l'époque par la Nouvelle Vague, célébrant le scénario (en général ringard lui aussi, ou en tout cas mal écrit) et les acteurs (largement ridicules de fausseté) aux dépends du regard et de la mise en scène. Le consensus insensé de la presse française à propos de "Belles Familles" m'avait laissé espérer un réveil tardif de l'ancêtre, et voilà que je me suis trouvé à nouveau devant la même accumulation de stéréotypes paresseux (ici sur la gestion des communes, sur les opérations immobilières, sur le fonctionnement des notaires, sur la Chine des affaires, sur le capitalisme british, sur les pianistes classiques… n'en jetez plus !), de personnages incohérents et de situations caricaturales. D'ailleurs, il suffit de remarquer que même le génial Amalric est NUL ici, preuve s'il en faut que le "système Rappeneau", quel qu'il soit, est des plus néfastes (ou contre-productifs). Deux très longues heures plus tard, de scènes embarrassantes en dialogue crétins, épuisé par une débauche d'énergie fonctionnant totalement à vide, le spectateur sort de la salle tout simplement navré par ce cinéma qui empeste la naphtaline. Qui l'a toujours empesté, quel qu'ait été l'âge de son réalisateur. PS : J'ai quand même envie d'applaudir Dussollier, rayonnant ici dans les quelques scènes qu'on lui accorde, et qu'il sauve merveilleusement.