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Le journal de Pok
17 octobre 2015

Pokey LaFarge à la Maroquinerie le Jeudi 15 Octobre

2015 10 Pokey LaFarge Maroquinerie (7)21 h 00, ils sont sept sur scène, arborant une étonnante variété de looks : Pokey LaFarge semble évidemment tout droit sorti des années 40, même son visage en lame de couteau ne semble pas de notre époque ;  à sa gauche, un vrai cowboy à la barbe noire hirsute nous régalera toute la soirée de solos stupéfiants d'harmonica ; derrière lui, deux cuivres qui seront sans doute la plus grande source de joie et d'excitation de la soirée, habillés eux aussi très chic - époque Prohibition -, et un contrebassiste rockabilly à rouflaquettes ; à la droite de Pokey, juste en face de nous, le batteur qui pourrait avoir joué avec les Feelies des débuts, et un guitariste chevelu et frisé qui n'aurait pas dépareillé au sein du Grateful Dead. Bref, une drôle de troupe bigarrée, improbable, mais qui sait clairement jouer et mettre le feu, comme ils le démontrent tout de suite avec Knockin' The Dust Off The Rust Belt Tonight, puis avec le réjouissant Something in the Water. Il y a dans l'air une vraie allégresse de jouer qui se communique rapidement au public de la Maro, complète - ou presque - ce soir : le sourire à la fois enfantin et narquois de Pokey vous donne envie de lui sourire en retour ! Le son est impeccable, comme c'est très souvent le cas dans cette salle de rêve qu'est la Maroquinerie, et le public très chaud (a priori pas mal d'Américains sont là pour soutenir le "kid from St Louis") : il est clair que rien ne peut ternir cette soirée de bonheur musical simple.

2015 10 Pokey LaFarge Maroquinerie (53)Pokey va donc nous régaler de toute la gamme de musiques "traditionnelles" nord-américaines - skiffle, early jazz, ragtime blues, country, folk, rockabilly - qu'il s'approprie complètement, d'une manière qu'on ne peut que qualifier d'intemporelle : l’aspect exhumation de musique du passé, très sensible sur disque, est beaucoup moins frappant sur scène, où la musique, surtout interprétée avec un tel enthousiasme, est vraiment « vivante » (live, oui, oui…). C'est pourtant avec Goodbye, Barcelona, aux couleurs beaucoup plus « européennes » que Pokey nous touche pour la première fois ce soir : c’est une chanson belle et forte, qui sort du folklore un peu anecdotique (pour nous, non-Américains) qui entache parfois la musique de Pokey. La chanson qui suit est plus surprenante : présentée comme une chanson sur l’héroïne, la Carmelita du regretté Waren Zevon détonne dans la bouche d’un Pokey LaFarge au look de bon élève bien éduqué (« and I’m all strung out on heroin on the outskirts of town… ») ! Underground, sommet du dernier album, confirme que Pokey peut écrire des choses modernes, et les chanter avec une énergie qui tue la nostalgie.

2015 10 Pokey LaFarge Maroquinerie (132)A partir de là, le concert change d’ailleurs de rythme, pour devenir bien plus festif, chaque musicien, dont Pokey lui-même en solo, ayant maintenant l’opportunité de briller au sein de morceaux, souvent des reprises, clairement joués pour exciter le public : Central Time, en conclusion du set, avant le rappel, sera une sorte de consécration de ce bon esprit, mais aussi une brillante démonstration de l’étonnante facilité avec laquelle chaque musicien participe individuellement à l’excellence technique du groupe. En gros, ces mecs (et cette nana, la mignonne et miniature Chloe au saxo) touchent leur bille, et chaque démonstration de virtuosité bon enfant arrache des cris d’encouragements au public emballé.

Ils n’ont joué qu’un peu plus d’une heure, et c’est déjà le rappel. Heureusement, celui-ci durera plus d’une demi-heure, débutant avec une touchante version solo dépouillée de Far Away, avant un enchaînement de reprises étirées, permettant la participation du public au chant, jusqu’à une descente de Pokey dans la fosse.

Energiques, gais, sympathiques, Pokey et sa bande ont rempli leur contrat ce soir à la Maroquinerie : déchirer les images d’Epinal que l’on colle à leur musique revivaliste, et nous communiquer avant tout joie et chaleur, deux ingrédients dont notre vie a bien besoin !

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