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Le journal de Pok
24 septembre 2015

"Lolita" de Vladimir Nabokov : Jubilation esthétique

LolitaJ'ai longtemps reculé le moment de lire "Lolita". Effrayé par la réputation de chef d’œuvre absolu que ce livre souvent qualifié de sulfureux a en France (plus qu'ailleurs le semble-t-il d'ailleurs...). Hésitant également du fait de mon admiration pour le film magnifique que Kubrick en a tiré. J'ai attendu le moment de la rencontre avec un "livre aussi important" avec patience, un peu de négligence, une pointe d'inquiétude : et si je n'aimais pas "Lolita" ?

Évidemment, il suffit d'ouvrir la première page, de se laisser bouleverser par les premières lignes, pour savoir qu'il est impossible de ne pas aimer "Lolita", je pense que tous ceux qui l'ont lu en conviendront : la beauté convulsive du style de Nabokov est tellement brûlante que "Lolita" vous happe, vous ensorcelle sans retour. Oui, au delà de son "histoire" tellement "scandaleuse" (et de nos jours encore plus) de passion pédophile - Nabokov ne reculant pas en effet devant quelques scènes sexuelles -, au delà de ses personnages unilatéralement antipathiques, voire franchement répugnants, au delà même de certaines longueurs dans la description de l'errance de Humbert Humbert et Dolores au cœur d'une Amérique effrayante de banalité, c'est bien une sorte de syndrome aigu de Stendhal que provoque le génie (terme ici infiniment mérité) de Nabokov. Bon dieu, comment peut-on écrire ainsi dans une langue qui n'est même pas votre langue maternelle ?

Pour finir ce qui n'est certainement pas une "critique" d'une œuvre aussi tourneboulante, j'ai encore ressenti une pointe supplémentaire d'admiration devant le jeu infiniment subtil auquel se livre Nabokov, semant ci et là quelques miettes de pain qui ne sauraient pourtant guider même le lecteur le plus averti à travers le dédale des mots, des sensations, des émotions contradictoires qui le parcourent, vers la "révélation finale" (comme si "Lolita" était un banal polar !) de l'amant secret de la nymphette. Et j'ai bien entendu été totalement bluffé par la scène burlesque, incroyable, du meurtre de ce dernier : une conclusion certes annoncée tout au long du roman, mais dépassant quand même toute nos attentes.

Un chef d’œuvre, donc.

PS : J'emprunte le titre à la remarquable postface de l'édition Folio, écrite par Nabokov, où il explique pourquoi et comment il a écrit "Lolita", car cela me paraît absolument approprié.

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