"Mad Max : Fury Road" : chapeau, George !
Longtemps, je n'ai pas voulu revoir Max. Sans doute parce que j'avais trop aimé le Road Warrior, qui m'avait même, un beau soir, donné envie de fracasser les tôles de ma petite voiture (NDLR: True Story). J'ai attendu longtemps, et puis j'ai craqué : j'y suis allé. Et je n'ai pas retrouvé Max (parce que Tom Hardy, désolé, mais cela ne le fait pas !), ce qui n'est pas plus mal. Par contre, j'ai retrouvé l'ami George qui montre bien aux p'tits jeunes ce que c'est que mettre en scène un VRAI film d'action sur un scénario séminal (je pense à la géniale idée de l'aller et retour, soit une trajectoire parfaite autant qu'une déclaration politique) : chapeau, George, c'est du beau boulot ! Et il y a même eu une quinzaine de minutes où j'ai retrouvé mon âme de jeune adulte, et j'ai joui de tant de folle barbarie à l'écran, de tant de goudron poussiéreux qui défile sous les roues de véhicules lancés à toute allure vers une collision terminale. Cela n'a duré qu'une quinzaine de minutes, mais cela justifiait pleinement le prix de l'entrée, et aussi le mal de tête après deux heures de chaos et de musique pénible (ça, c'est toujours le - seul - mauvais côté de George, ça n'a pas changé non plus...). Et j'ai aussi trouvé en Furiosa une héroïne mythique capable enfin de remplacer une Ripley mise à la retraite depuis un bail: même que je n'aurais jamais cru apprécier un jour un personnage interprété par Charlize Theron, c'est dire combien George assure, avec ses acteurs, et ses personnages aussi. Sinon, vous pouvez croire tout le bien que les fans hystériques ont dit de "Mad Max : Fury Road", mais vous aurez tout aussi raison de conspuer le film avec ses détracteurs : les uns comme les autres ont parfaitement cerné la splendide grandeur du film et son incommensurable laideur, qui, au fond, ne sont que les deux faces d'une même pièce de monnaie. Faites-vous surtout votre propre avis : féministe ou au contraire hypocritement macho ? Jusqu'au boutiste, ou bien adouci par des concessions faites aux producteurs pour rester "grand public" ? Superbement réaliste ou gâché par des abus de CGI inutiles ? etc. etc. Dans tous les cas, "Mad Max : Fury Road" a le mérite - miraculeux - d'exister au sein d'une production cinématographique misérable (je parle des blockbusters), de se dresser comme un doigt d'honneur à tous les principes actuels qui régissent et musellent le cinéma commercial. Oui, détestez-le ou adorez-le, mais allez le voir.