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Le journal de Pok
13 juin 2015

Séance de rattrapage : "Timbuktu" de Abderrahmane Sissako

Timbuktu Affiche"Timbuktu" est une merveille. De beauté, car Sissako filme le sahara malien comme il ne l'a sans doute jamais été (je pense aussi à ce merveilleux plan large sur le fleuve de "l'après meurtre"). Une merveille d'intelligence, car le film montre la barbarie islamiste comme elle est finalement, loin des éclats médiatiques, c'est à dire ridicule (et il nous fait même rire, à la manière d'un Suleiman par exemple) et hypocrite (le foot comme révélateur, ça surprend, mais ça sonne juste). Une merveille de sensibilité enfin, parce que Sissako filme ses acteurs amateurs et ses vrais "autochtones" au plus près de leur vérité, qu'il sait faire advenir sans jamais la forcer (ou presque, on peut faire exception avec la scène magnifique de la danse). Mais c'est une merveille qui se mérite, car il nous faut abandonner au seuil du film nos vieilles habitudes de cinéphiles occidentaux : accepter le rythme lent et le cheminement têtu de la fiction africaine n'est pas si facile. Et pourtant, le plus difficile pour nous, c'est sans doute de renoncer au manichéisme anti-terroristes que nous portons forcément en nous : admettre qu'il s'agit là, cachés derrière la monstruosité abjecte de leurs actes, d'hommes, de nos frères égarés ; admettre aussi, et c'est là le plus troublant dans "Timbuktu", que le personnage le plus charismatique du film est aussi un meurtrier, et qu'il doit aussi être puni, charia ou pas charia.

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