Soderbergh est passé très près de la réussite avec ce "Ma Vie avec Liberace", présenté comme le dernier film de sa déjà longue - et très irrégulière - carrière : il ne manque qu'un peu plus d'audace (un comble pour un sujet jugé tellement "audacieux" aux US que seule la télévision a accepté de le produire !) dans un scénario qui ronronne trop sagement sur la voie bien tracée du biopic... Car Soderbergh ne nous conte guère ici que l'histoire touchante, mais convenue, d'un amour plus conventionnel qu'il ne peut paraître a priori : certes les protagonistes sont gays - et du genre flamboyant -, mais leur beau parcours de besoin mutuel, de séduction, de plaisir, de domination, de trahison, de divorce, puis de réconciliation finale devant la maladie, n'a rien que de très ordinaire, voire légèrement fastidieux. Il est vrai que le film s'apprécie surtout grâce au brio du travail du décorateur, qui a du s'en donner à cœur joie, et à l'enthousiasme de l'interprétation de Douglas et de Damon, probablement l'un comme l'autre dans le meilleur rôle de leur carrière. Mais le mystère de Liberace, de son succès absurde, de la cécité de son public refusant l'évidence de son homosexualité, sujet passionnant s'il en est, reste entier.