Séances de rattrapage : "Deux Jours, Une Nuit" de Jean-Pierre et Luc Dardenne
Par rapport à la production habituelle des Dardenne brothers, "Deux Jours Une Nuit" bénéficie d'une certaine légèreté - eh, oui !- qui lui permet d'échapper avec élégance au pathos de son sujet plombé et plombant : est-ce le soleil de l'été qui irradie cette chronique d'un weekend d'épreuve (se frotter à la misère des autres pour éviter de sombrer, et essayer de retrouver un sens à sa vie...) ? Est-ce la grâce de Marion Cotillard, qui incarne une dépression aussi réaliste que touchante (on pouvait compter sur les Dardenne pour éviter tout surjeu "à l'américaine" dans un film qui s'y prêtait largement !) ? Toujours est-il que "Deux Jours, Une Nuit" devient un modèle de sobriété élégante, et transcende facilement une certaine évidence de son discours de gauche bien pensante : si les émigrés semblent être ici ceux pour qui la solidarité est la plus évidente, si la femme est surtout égoïste quand elle est sous l'emprise de son mari, si Sandra apprend la leçon de l'honneur dans une conclusion à la fois logique - oh ! ce retournement du piège contre elle, quelle belle idée - et libératrice... s'il est facile d'accuser le film de simplifier à outrance les dilemmes sociaux quotidiens dont nous sommes témoins, il y a dans "Deux Jours, Une Nuit" une dignité, une franchise, une vérité aussi, qui imposent indéniablement le respect.