Revoyons les classiques du cinéma : "The Barber" des Frères Coen (2002)
Ce fut une belle surprise en 2001 que de voir les frères Coen délaisser le confort du clin d'oeil et de la chronique formaliste, pour s'aventurer dans le désert du sens, et saisir la médiocrité américaine grâce à cette plongée en apnée dans un désespoir absurde et vaguement hébété. En sondant le gouffre existentiel et métaphysique d'un personnage qui semble s'être absenté du monde et ne parvient plus à rassembler les morceaux épars de sa personnalité (remarquable interprétation atone de Billy Bob Thornton...), ils réalisent l'un de leurs films les plus ambitieux, en tout cas les plus désenchantés : comme si la narration traditionnelle était déjà passée dans un au-delà (du post-modernisme, du baroque, du néo-classicisme, etc..) où sens et sentiments en sont à jamais égarés..."The Barber" est certes à la limite de l'exercice de style, ce qui en irritera beaucoup, mais qu'importe ! Avec son rythme à la fois funèbre et rêveur, et sa mise en scène d'une force et d'une sobriété étonnantes (plans longs, travail sur la profondeur de champ et le Noir et Blanc), voici sans doute l'un des tous meilleurs films de la filmographie pourtant riche en réussites des frères Coen...