"Magic In the Moonlight" de Woody Allen : un film faible sur un sujet fort
A plus de 40 films au compteur, on sait que la filmo de Woody Allen, malgré tout l'un des plus grands metteurs en scène vivants, est faite de hauts et de bas, ces derniers souvent dûs à la négligence plutôt sympathique avec laquelle Woody traite désormais ses propres créations. "Magic In The Moonlight" est un film moyen, qui ne marquera guère les esprits, on peut en prendre le pari, mais il a la particularité d'être un film anodin sur un sujet "grave", un thème "philosophique" dont on sait qu'il tourmente particulièrement Woody : l'absence de "mystère" - ici au sens religieux du terme - ou tout au moins de transcendance, et l'horrible vide dans lequel la certitude de notre finitude comme de notre insignifiance nous plonge. Pas une raison pour se mettre pour autant à croire en Dieu - Woody est clair et laisse ça aux esprits faibles -, et du coup il ne reste guère que l'Amour comme raison, sinon d'être heureux, du moins de survivre encore un peu. "Magic In The Moonlight" pèche beaucoup de par la récurrence facile des sujets de prédilection d'un Woody qui ne se fatigue pas beaucoup : la magie - donc le cinéma - comme enchantement futile mais vital, la douceur de vivre qui va avec l'aisance matérielle des nantis (où est la critique sociale de "Match Point" ?), la nostalgie d'une époque révolue (nimbée de teintes sépia vraiment convenues). Si l'on ajoute des personnages archétypés et souvent rigides, des dialogues qui perdent peu à peu leur virtuosité quand le film avance vers sa conclusion lénifiante, une vraie faiblesse de l'intrigue qui était pourtant basée sur une belle idée - mettre à l'épreuve le rationalisme désespéré de son personnage principal, en le confrontant à l'amour -, et si l'on admet que Emma Stone n'est guère convaincante, le bilan de "Magic In the Moonlight" n'est guère positif. Reste à mon avis à souligner la performance impeccable de Colin Firth, dans un rôle complexe qu'il tient sans jamais tomber dans les excès dont il est coutumier. Il sauve nombre de scènes, et permet au final à "Magic In the Moonlight" de ne pas sombrer dans l'insignifiance.