"Pas son Genre" de Lucas Belvaux : pour Emilie Dequenne avant tout...
Je ne connais pas un seul exemple de bon film "sociologique", le cinéma étant - en tout cas pour moi - par essence l'antithèse d'une analyse comportementale basée sur des archétypes statistiques de comportement. Le scénario du dernier Lucas Belvaux, "Pas son Genre", avait donc tout pour nous faire fuir : la rencontre amoureuse, forcément promise au désastre, de deux stéréotypes, le philosophe parisien et la coiffeuse provinciale, un sujet littéralement effarant !... Mais comme on a confiance en Belvaux, on insiste... et on a raison. "Pas son Genre" transcende peu à peu - mais quand même facilement - la bêtise programmée de son sujet, grâce à la sûreté de la mise en scène de Belvaux, et surtout de l'habituelle "transcendance" d'Emilie Dequenne, qui élève son personnage loin des conventions, et l'illumine - littéralement - d'une humanité magnifique. Malgré le manque de réciprocité du personnage masculin, dont l'opacité, sans doute voulue par Belvaux, s'avére stérile, déséquilibrant le film et le privant du minimum de "dialogue", Belvaux achève de sauver "Pas son Genre" grâce à une fin à l'intelligence inattendue, une fin qui risque bien de marquer tout spectateur un peu trop sensible !