"The Silver Gymnasium" de Okkervil River : le retour de Will Sheff à l'essence de la musique d'Okkervil River...
Les années passent et Okkervil River poursuit son chemin, sans rencontrer le succès public ni même la véritable reconnaissance critique qu'il mérite. L'album précédent, "I Am Very Far", une franche déception, témoignait de la part de Will Sheff d'un souci de simplifier sa musique pour la rendre plus facile d'accès, mais la grâce s' était perdue en route. "The Silver Gymnasium" redresse la barre, et a tout d'un vrai album - d'un album essentiel, peut-être même - de Okkervil River : des textes littéraires forts, originaux, traduisant les souvenirs d'enfance de Will, et qui ne respectent pas les codes de la "pop music" (couplet - refrain) mais entraînent l'auditeur attentif dans de mini-odyssées émotionnelles de prime abord déroutantes, mais vite fascinantes ; une orchestration traditionnelle "américaine" (pour ne pas parler même d'americana...) qui ne paye pas de mine a priori, mais qui enracine les morceaux de "The Silver Gymnasium" dans une tradition musicale pour le moins substantielle ; et surtout le chant tourmenté, emphatique de Will Sheff, un chant qui fait pencher Okkervil River vers un excès d'émotion qui lui, n'a rien d'américain, et qui valide plutôt la référence russe du nom du groupe. Après une paire d'écoute pour se familiariser avec ces nouvelles chansons, et passer outre l'impression initiale que l'inspiration mélodique du groupe s'est un peu tarie (c'est sans doute la seule réserve que l'on puisse émettre sur cet album, qu'il ne soit sans doute pas aussi "accrocheur" que les précédents...), "The Silver Gymnasium" révèle des beautés insoupçonnées, des pics d'émotion saisissants, et s'inscrit dignement dans la lignée de ses grands prédécesseurs. Pas certain par contre que Okkervil River y gagne le moindre nouveau fan...