En 2014, après des années d'errements plus ou moins acceptables,  et après un "Hugo" qui montrait déjà une réappropriation par le cinéaste de son Cinéma (majuscule, s' il vous plaît,  car on parle ici d'un véritable Auteur), "Le Loup de Wall Street" marque le retour inespéré de Scorsese à la très, très grande forme : voici un film qui bouscule, qui emporte,  qui enthousiasme, qui fait hurler de rire, qui tort le ventre, qui montre ce que le Cinéma peut faire quand il est l'oeuvre de gens de talent (de génie,  même,  ici) et de convictions. Ce film est un nouveau "Casino", un nouveau "Affranchis", pas moins (les brokers sont la nouvelle peste de l'Amérique, après les maffieux d'hier, Scorsese est plus que clair ici), mais avec en plus une énergie punk, enragée,  inédite chez lui : "le Loup..." est un film complètement rock'n'roll (sex and drugs and...), donc absolument enthousiasmant,  mais c'est aussi un pamphlet d'une intelligence redoutable.  Car qui, devant le spectacle frénétique d'un DiCaprio (sublime acteur, répétons le) recyclant les poncifs de l'entrepreneuriat américain à son propre et unique profit, n'en arrive pas à souhaiter qu'il s' en sorte face à l'hydre inhumaine de l'administration US ? Nous collaborons tous avec  eux qui nous volent après nous avoir séduits en détournant toutes nos valeurs - et en les ridiculisant, du coup -, voici ce que Scorsese nous montre ici, avec un grand éclat de rire et plus de 500 "fuck" en trois heures de cinéma éblouissant.