Si le Superman de Shuster / Siegel nous faisait rêver enfants, c'est qu'il représentait l'idéal - charismatique, vaguement christique, comme il a été dit et répété - d'une Amérique juste, bonne et triomphante, une Amérique dont on savait forcément qu'elle n'existait pas, une Amérique que les dernières décennies ont bien mis à mal. Si les différentes adaptations au cinéma de Superman nous ont toujours (relativement) intéressés, c'est qu'elles ont puisé dans la BD originelle des fictions pertinentes, soit sous la forme du récit d'initiation (la découverte par un ado de sa différence), soit de la comédie romantique (le faible Clark Kent rival amoureux de son double testostéroné). L'erreur de "Man of Steel", c'est d'ignorer toutes ces pistes - symboliques, politiques, humaines, sentimentales - pourtant inépuisables, et de croire qu'il était possible de trouver l'originalité dans une SF hardcore et belliqueuse, qui rabaisse Superman au niveau de n'importe quel jeu vidéo décérébré actuel. On a donc surtout droit à une longue intro - esthétiquement très kitsch, même si pas mal de décors et de costumes paraissent pompés sur le grand, l'immense Giger - sur Krypton, et à un interminable baston entre extra-terrestres accumulant les scènes répétitives de destruction massive (bâillement), dont on sort épuisé, et convaincu de s'être infligé encore l'un de ces navets bruyants qui se multiplient désormais sur les écrans des multiplexes. On sauvera néanmoins du désastre trois scènes assez décalées par rapport au reste du film, où un Kevin Costner très Springsteenien montre à tout le monde ce que c'est qu'être un "acteur américain" classique (... alors que Snyder ne sait visiblement pas quoi faire faire à un Michael Shannon, honte à lui !).  Merci, Kevin !