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Le journal de Pok
8 novembre 2013

"Mud" de Jeff Nichols : pas de génie, non, mais un film tranquille et solide...

Mud

J'en ai un peu marre de tous ces qualificatifs dithyrambiques sur Jeff Nichols, qui serait un nouveau génie, bla bla bla... De nouveau, après un "Take Shelter" incroyablement surévalué, Nichols (me) déçoit avec ce "Mud" archi-conventionnel, et même vaguement ennuyeux dans sa première partie, plombée par un scénario prévisible et une mise en scène "classique" au mauvais sens du terme. Il est bien possible que ce qu'on pouvait admirer comme de la froideur calculée dans "Take Shelter" soit finalement une incapacité à vraiment exprimer des émotions - fortes ou subtiles, d'ailleurs... Mais là, il faudra attendre le prochain Jeff Nichols pour pouvoir vraiment trancher. Maintenant, et ceci dit, "Mud" reste un BON film (et pas un GRAND film), parce qu'il a au moins le courage (et cela semble être réellement difficile dans le panorama du cinéma américain actuel) de parler de choses importantes, de trucs humains comme l'apprentissage de la vie, le destin, la puissance de la croyance par rapport à la banalité sordide de la vie quotidienne. Parce qu'il montre des américains pauvres, qui vivent loin des villes dans un dénuement - mais aussi une pauvreté intellectuelle - souvent touchante. Parce qu'il emprunte les chemins désormais balisés du récit initiatique (on peut penser à "la Nuit du Chasseur" aussi bien qu'à "Stand By Me", deux films qui lui sont bien supérieurs), mais le fait avec une tranquillité, une solidité qui, au final, nous enchantent. Parce que la dernière partie de "Mud", même si elle échoue à créer le trouble qui aurait pu naître potentiellement des relations "salies" entre tous les personnages, a au moins le courage de ne pas céder à la noirceur et au misérabilisme : pour une fois, un happy end aussi improbable que celui qui clôt "Mud" ne donne pas une expression de lâcheté, mais au contraire de déclaration d'intention : même si le monde est laid, la force du rêve et des désirs peut nous offrir un espace de liberté, à l'image de la mer sur laquelle débouche le fleuve boueux.

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