"One Breath" de Anna Calvi : un album audacieux, mais finalement décevant...
“One Breath” a tout d’un second album audacieux de la part de notre chère prodige de 2011, Anna Calvi : marquant une rupture singulièrement abrupte avec l’esprit « rock » façon PJ du premier album (un esprit tout de même considérablement enrichi par l’immense culture musicale d’Anna), nous la retrouvons aujourd’hui en jeune femme aussi émotionnellement déchirée qu’artistiquement ambitieuse. Marqués par des souffrances inédites, les morceaux de « One Breath » oscillent entre gémissements douloureux et grondements effrayants, nous refusant le confort de la clarté et renonçant au luxe de la lisibilité immédiate... et, à nouveau, on trouvera ça très, très beau. Malheureusement, on déplorera aussi qu’une chanteuse aussi techniquement accomplie et une guitariste aussi magistrale qu’Anna décide de ne mettre en valeur sur son second album ni sa voix ni sa guitare : de manière quasi masochiste, la voilà qui dilue son génie soit dans des dissonances assez vaines, soit dans des atmosphères ésotériques qui épuisent un peu notre patience et notre attention (... on comprend bien sûr que ce chemin vers l'abstraction, voire "l'éther" est un choix clair d'Anna, un choix par ailleurs supporté par une production quasi parfaite, mais il est difficile d'adhérer pleinement à ce choix...). Résultat : un album à demi réussi seulement, nous dévoilant une jeune femme tourmentée aussi bien par les maux de son âge (on parle d’une rupture amoureuse dévastatrice) que par une préoccupation semble-t-il exagérée quant à sa capacité à se renouveler. On attend néanmoins avec espoir l’interprétation qu'Anna donnera en scène de ce disque carrément monstrueux, et un troisième album qui, avec un peu de chance, sera enfin le classique incontournable que le talent d’Anna - artiste franchement hors du commun - nous permet d’espérer.