Séance de rattrapage : "Jack le Chasseur de Géants" de Bryan Singer
"Jack the Giant Slayer" (le titre français avec son "chasseur" remplaçant le "tueur" pour ne pas faire peur aux petits nenfants est vraiment trop con !) est un remarquable exemple de la vacuité du cinéma "spectaculaire" actuel : même si, à toutes les époques, il a été possible de voir des films idiots réalisés à grands frais par les studios hollywoodiens, jamais sans doute ce cinéma n'a autant constitué le "coeur de l'offre", la "norme" du cinéma que de nos jours. Le pire restant sans doute le fait que le film lui-même n'est pas du tout consternant, que son sujet crétin est traité des plus sérieusement par une horde de professionnels de la profession, comme disait ce cher Jean-Luc qui avait bien vu venir l'affaire : Bryan Singer n'a certes jamais été un "auteur", à peine un cinéaste intéressant parfois, mais c'est une énigme de penser qu'il a aussi soigneusement réalisé un film sur des haricots magiques, des géants très laids et très sales, etc. alors que son temps aurait pu être employé à nous parler de nous, du monde, ou même de lui, non ? Au delà de la "qualité" générale du travail de tous, visible à l'écran, des efforts des acteurs pour donner de la consistance à leurs personnages (difficile, ça !), de ce qu'il faut bien appeler du talent à nous raconter une euh... histoire, "Jack..." est à peine du cinéma, tant y fait défaut toute part de rêve, d'illusion, sans même parler de pertinence, ou d'humanité. Les stimulations que reçoit le spectateur ne sont ici que purement mécaniques, ni son coeur ni son esprit n'étant impliqués dans un processus de génération d'images efficaces, fausses, complètement inutiles.