Revoyons les classiques du cinéma : "Le Lauréat" de Mike Nichols (1967)
Film étendard de la jeunesse révoltée de la fin des sixties, "Le Lauréat" reste presque cinquante ans plus tard un film largement sidérant, porté par un Dustin Hoffman génial d'hermétisme : on pardonnera facilement à Mike Nichols des afféteries formelles mal vues désormais, comme ces zooms sauvages si caractéristique de l’époque, ou l’utilisation des géniales chansons de Simon & Garfunkel d’une manière répétitive pas légère, légère. C’est que « Le Lauréat », qui se révèle régulièrement magnifique visuellement dans la nouvelle édition Bluray, est à la fois jouissif de par son anarchisme hésitant et joyeux, et finalement terrifiant de lucidité et d'ambiguïté (ouaouh, ce dernier plan douloureux qui s’éternise après l’épiphanie de la scène du mariage !). Au delà de la légende du film, qui se concentre de manière finalement erronée sur la fameuse « Mrs Robinson » croqueuse de puceaux, « Le Lauréat » s’avère un terrible constat d'impuissance, qui s’applique malheureusement à chaque nouvelle génération qui se trouve empêtrée dans une société pensée par ses aînés.