Séance de rattrapage : "Sans Identité" de Jaume Collet-Serra
J'imagine bien le brainstorm à l'origine de cet "Sans Identité": "... Et si on mélangeait le scénario de "Frantic" avec celui de la "Mémoire dans la Peau" ? On tournerait à Berlin pour brouiller les pistes, et on pourrait caster Liam Neeson pour ramasser les fans de "Taken" à travers le monde. Ah, et puis, on file le truc à un jeune directeur espagnol, vu que c'est la crise chez eux, ça devrait pas trop nous coûter cher !". Et, "Sans Identité", au final, c'est exactement ça : la paranoia "à la Polanski", plutôt bien imitée / recréée par Jaume Collet-Serra, qui cède peu à peu la place à un thriller bourrin à la Luc Besson, avec un Liam Neeson qui peine à nous convaincre qu'il est Jason Bourne, ce qui tempère l'efficacité de cet éternel coup de théâtre final qui semble désormais indispensable au menu de n'importe quel thriller standard. Oh, on passe un moment divertissant - malgré la pitoyable interprétation d'une January Jones qui ne survivra visiblement pas à "Mad Men", malgré une abondance de petites incohérences qui gâchent un peu le plaisir, et malgré le happy end final réellement peu crédible... C'est juste dommage qu'il semble n'y avoir plus personne qui ait la patience, l'éthique et l'imagination d'un Hitchcock (... car comment ne pas penser ici au merveilleux "la Mort aux Trousses" ?) pour nous faire de nos jours un vrai bon thriller qui combine scénario blindé, acteurs convaincants et réalisation inspirée. Le thriller, encore un genre qui, à force de recyclage, va mourir, en dépit de son succès ?