Beach House au Cine Joia le mercredi 28 août
A 23h30, Victoria et ses deux mecs apparaissent, et démarrent Wild sans un mot, ni un regard vers la salle, dans une obscurité quasi complète : c’est vrai qu’on « rêve » mieux dans le noir, mais bonjour les photos ! Et puis, le quasi mutisme d’un groupe, c’est sans doute rock, ou tendance, ou classe, mais après toutes ces années, ça me paraît aussi peu respectueux du public, très enthousiaste qui est là, malgré le froid et l’heure avancée... Bon, Victoria va parler quand même un peu ce soir, s’excusant de ne pas savoir le portugais, lançant un « Ça Va ? » en français qui est quand même hors de propos, mais en tirant la gueule, et avec la chaleur humaine d’un glaçon. Durant une heure trente cinq minutes de concert, il ne se dégagera d’elle aucune émotion humaine, aucune impression de plaisir, et cela, pour moi, c’est bien triste.
La setlist est composée de chansons de « Bloom » jouées en alternance quasi systématique avec des morceaux plus anciens, et un peu moins pop, voir parfois un peu plus aventureux. Si rien ne vient réellement surprendre ce soir, je dois admettre que nous aurons un (un seul !) moment vraiment intense, sur le magnifique Wish, et que Victoria va peu à peu entrer dans une sorte de transe, chantant plus fort, de manière plus emportée, plus charnelle peut-être, plus incarnée en tous cas... mais échouant à transformer cet élan en quelque chose de vraiment satisfaisant pour le public.
Ce soir, non, désolé, si la musique de Beach House a été parfois belle, elle n’a jamais réussi à vraiment décoller... Il y eut même des moments – que j’ai trouvés embarrassants, voire un tantinet désagréables – où la guitare de Alex Scally, shoegazer sagement assis juste en face moi, m’a semblé désaccordée, fausse, ou tout au moins « jurant » avec les sonorités des claviers de Victoria. Il y en eut d’autres où la voix de Victoria était complètement saturée, et de nouveau, tuait toute la beauté potentielle des chansons. Ce manque de « professionnalisme » de l’interprétation s’est avéré tout simplement destructeur pour une musique aussi fragile, et je me suis surpris à être presque soulagé quand le set a touché à sa fin : Irene, morceau assez faible sur disque, a vu une ultime tentative du group à atteindre « l’élévation », de nouveau en vain.
Il était plus d‘une heure du matin, bien temps de rentrer se coucher, après ce concert un peu décevant, et qui ne m’a pas vraiment réconcilié avec la « Dream Pop »...