Célébration du cinéma populaire : "Chevalier" de Brian Helgeland (2001)
Qu'est-ce qui fait un bon film populaire ? Non, un film populaire au-dessus du lot, même ? Pas seulement un bon scénario, n'en déplaise aux producteurs hollywoodiens, car dans "Chevalier", le scénario est des plus prévisible et convenu, sans même vouloir lui reprocher son habituel credo américain de la réussite sociale au bout du chemin, récompense des obstinés et des ambitieux. Non, "Chevalier" tranche nettement sur le tout-venant, grâce à la combinaison d'un casting impeccable (Heath Ledger déjà très convaincant, mais surtout des seconds rôles tous exceptionnels, comme un Paul Betany brillant dont c'était la première apparition marcante) et d'une idée à la fois stupide et brillante : relire l'histoire du Moyen-Age à la lumière de notre époque, de manière à souligner ce qui nous en rapproche (du pain et des jeux, vieille antienne, l'excitation du spectacle, donc, comme sorte de ciment social comme d'asservissement des masses) plutôt que les habituels clichés qui nous en éloignent (la crasse omniprésente, inévitable pour le versant réaliste du film !). Evidemment, au delà du plaisir intense mais subtil qu'il dégage, "Chevalier" déroutera aussi par les choix "osés" - curieux ? - de Brian Hegeland : sa décision de jouer l'anachronisme (Queen et les références au football pendant les tournois, le clin d'oeil à Nike, Bowie comme musique pour faire danser les jouvencelles, les coiffures destructurées et les tenues haute couture parisienne de Jocelyne, etc. !) pour un film dont la force vient au contraire de son franc premier degré, pourra s'avérer rédhibitoire aux yeux de certains !