Revoyons les classiques de la Série TV ; "Les Soprano - Saison 2"
Si la deuxième saison des "Soprano" nous avait apparu - inévitablement ? - moins impressionnante que la première, sans doute parce qu'on attendait alors plus de renouvellement, elle nous avait permis de mieux percevoir le propos de David Chase : s'approprier les codes - alors bien usés - des sitcoms et de la série TV pour mieux les faire revivre, les détourner et les dévoyer, en prenant à contre-pied les systèmes "addictifs" qui en garantissaient l'efficacité vis à vis du public un peu "bas de gamme" de la télévision américaine. En mettant en scène des personnages a priori détestables, mais toujours regardés avec honnêteté dans le cadre de leur vie quotidienne, au sein de leur famille, aux prises avec des problèmes d'une banalité presque misérable, "les Soprano" nous renvoyait une image de notre propre existence, capturait nos propres craintes, mais aussi - et peut-être surtout - nos allégresses les plus intimes. On comprenait alors que, au delà de la destruction implacable - mais sans doute assez "facile" - des mythes maffieux immortalisés par Coppola dans "le Parrain", le chef d'oeuvre de David Chase allait peu à peu nous amener à affronter nos propres problèmes moraux, éthiques, voire politiques : orgie auto-destructrice de bouffe, hystérie des relations parents-enfants (d'ailleurs transmise à travers les générations), difficultés sexuelles dans le couple, trahison des meilleurs amis... tout ce que l'on voit ici arrive dans les meilleures familles, pas seulement chez les Soprano. Certains ont regretté à l'époque la trivialité "quotidienne" de la plupart des épisodes (jusqu'au recentrage brutal des deux derniers épisodes sur les thèmes maffieux), mais c'est justement là que se nichait la beauté de la série de David Chase, et son caractère précurseur.