"Modern Vampires of the City" de Vampire Weekend : on a le droit de baîller...
On avait adoré le premier album de Vampire Weekend, pur moment de joie et de lumière ; on avait adhéré à l'évolution de "Contra", qui recherchait à tâtons cette maturité qui manquait jusqu'alors au groupe, bien jeunot. "Modern Vampires of the City" pose néanmoins beaucoup plus de problèmes, en particulier à l'auditeur impatient qui ne lui consacrerait pas les quatre ou cinq écoutes- minimum - nécessaires à ce que son charme (délétère, le charme) infuse par delà la pâleur des chansons. On sera certes immédiatement impressionnés par le travail minutieux effectué par Ezra Koening et Rostam Batmanglij sur le son du groupe, combinant de manière stupéfiante modernité et tradition en une musique régulièrement "divine" de légèreté et d'élégance : honnêtement, le troisième album de Vampire Weekend est l'une des choses les plus intelligemment produites, les plus... euh... révolutionnaires qu'on ait entendues depuis des lustres (... Radiohead, peut-être ?). Le problème vient plutôt des chansons, principalement lentes ou mid tempo, souvent dépressives, quasiment sans mélodies discernables, confondant systématiquement rêverie et mélancolie avec ennui et demi-sommeil. Pire, les quelques tentatives d'accélérer le rythme donnent des résultats encore pire, puisqu'on a alors l'impression d'écouter des copies affadies des grands "tubes" de naguère ! Bref, on ne peut que souscrire à la décision de Vampire Weekend de clore avec ce disque à demi-raté un cycle, et de rechercher autre chose pour la suite : on a l'impression d'écouter ici un groupe à bout de souffle, qui a dû utiliser toute son (immense) intelligence pour compenser son manque criant d'inspiration par un remarquable "engineering" formel.