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Le journal de Pok
12 juillet 2013

"Inferno" de Dan Brown : a-t-on encore la moindre excuse pour lire Dan Brown ?

InfernoA-t-on encore la moindre excuse pour lire Dan Brown ? Certainement pas si l'on analyse objectivement cet "Inferno", qui est en effet un petit enfer pour le lecteur : ici, point d'énigme complexe nécessitant - comme dans les précédents Dan Brown - une approche "cultivée" et originale, juste une histoire terriblement simpliste, qui se résume à une interminable course poursuite sans intérêt, parsemée de descriptions dignes d'un guide touristique standard sur Florence, Venise et Istambul. Et les vices de forme, à chaque fois plus outrés, des "Langdon thrillers" : personnage principal Indiana Jonesque (ou Tintinesque ?) totalement improbable, side-kick féminin à la plastique avantageuse, méchants caricaturaux et ultra-typés, situations rocambolesques aux quelles les héros arriveront toujours à échapper en dépit de toute vraisemblance... Et l'écriture, ici presque caricaturale, combinant les ressorts froidement mécaniques du thriller américain - génération "writing schools" - avec une fausse érudition qui se traduit surtout par l'utilisation systématique d'un vocabulaire inutilement abscons : il faut en effet lire le livre en V.O. pour se rendre compte combien Brown aime les mots compliqués pour rendre ses pénibles descriptions un peu plus "fleuries", sans doute dans une tentative  de brosser son lecteur lambda dans le sens du poil ("ça, c'est de la littérature, le monsieur, il parle comme un prof de Harvard, on comprends pas tout, mais c'est sûrement très intelligent"). On notera aussi - pour la premiére fois - une étonnante pudibonderie quant à la représentation dans l'Art de la Renaissance du sexe masculin, représentation que l'Américain bon teint trouve clairement choquante... Pourtant, pourtant, "Inferno" a deux points réellement positifs : d'abord, son thème (la surpopulation et ses conséquences, et les problèmes éthiques que son contrôle va vite poser), pertinent, et plutôt correctement traité, malgré une fin "Sci-Fi" ouverte qui n'assume pas vraiment les conséquences des choix scénaristiques de Brown ; ensuite, un intéressant retournement de perspective dans la seconde partie du livre, qui a le mérite de poser les bonnes questions sur la manière dont nous nous laissons volontairement manipuler par les techniques narratives d'un best seller. Cela pourrait être une piste pour une approche plus "profonde", plus littéraire, dans les prochains Dan Brown, mais c'est sans doute rêver que de voir dans ce mini-coup de force autre chose qu'un autre "truc" d'un auteur à succès.

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