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Le journal de Pok
27 avril 2013

Séance de rattrapage : "Jack Reacher" de Christopher McQuarrie

Jack_ReacherQuand "Jack Reacher" débute, c'est avec un indéniable plaisir que l'on suit les méandres d'une enquête policière classique mais bien troussée, et qu'on se prépare à suivre avec le sourire un polar bien solide comme Hollywood savait en faire avant de sombrer dans la démonstration technique et la surenchère d'effets spéciaux. On est même prêts à faire gentiment abstraction du décalage criant entre Tom Cruise et son personnage anarcho-fasciste de "vigilante" réapparu du passé, un décalage dont Cruise est d'ailleurs parfaitement conscient et contre lequel il bataille visiblement tout au long du film. Rapidement, au delà du plaisir un peu régressif du thriller emberlificoté mais sans grandes nuances, c'est cette étrangeté créée par ce contre-emploi ambigu qui intrigue vraiment, et nourrit le film... un peu comme les limites de l'acteur Cruise avaient nourri le "Eyes Wide Shut" de Kubrick. Mais McQuarrie n'est pas Kubrick et ne sait pas quoi faire de cette ambiguïté, de cet aspect "laborieux" ici à l'ouvrage (je pense par exemple au ratage flagrant de la dernière scène entre Reacher et Sandy, qui échoue à ébaucher une relation entre le "vigilante" et la réalité sociale - white trash - US). Et McQuarrie n'est pas non plus Eastwood, ce qui signifie qu'il n'arrive jamais à transcender ce nouveau "Dirty Harry" que pourrait être Reacher (dans les rêves de Tom Cruise !) : il ne sait pas livrer un portrait en creux de la société et de sa justice, ni même relativiser les tendances réactionnaires de tout un chacun - du spectateur vaguement honteux du plaisir pris à s'identifier à Reacher - en les confrontant à la complexité morale du monde moderne. Pire, le film s'enlise à la fois dans les idéaux d'extrême droite (la conclusion, assez abjecte avec sa célébration de la justice individuelle) et dans des scènes convenues comme de longues poursuites en voiture sans originalité, ou comme la bataille finale sous la pluie, qui n'est tenue par aucune idée, ni de mise en scène, ni de scénario. Au final, "Jack Reacher" déçoit donc sur tous les fronts, et se révèle un film assez médiocre, ou en tout cas bien en deça du potentiel de son sujet.

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