Séance de rattrapage : "Skyfall" de Sam Mendes
Et si, un peu à la manière de nos héros de BD préférés (Spirou, Blake & Mortimer) qui se sont vus offrir une nouvelle vie, un peu uchronique, pour avoir été confiés à de nouveaux auteurs-fans, il s'agissait ici de sortir James Bond d'une routine qui a par trop duré, malgré la ronde des acteurs et l'actualisation permanente de la franchise ? Sam Mendes, véritable "auteur" ambitieux, mais cinéaste irrégulier, s'est en tout cas totalement approprié l'univers de 007, nous livrant avec "Skyfall" une histoire sombre, abordant sans ménagement le passé intime de héros vieillissants - voire carrément vieux, l'âge et les blessures du temps étant le seul sujet du film. Magnifiquement réalisé, superbement photographié - il y a ici et pour la première fois dans la franchise "James Bond" des moments réellement stupéfiants -, particulièrement bien interprété - c'est peut être la première fois, il faut l'avouer, que les acteurs d'un Bond ont quelque chose de tangible, voire de profond à interpréter -, "Skyfall" est un beau film. Est-il satisfaisant pour autant, en tant que "James Bond" ? Là, c'est moins clair, car au final, sans être puriste, Mendes change tellement les règles du jeu qu'on peine à reconnaître quoi que soit de l'univers Bondien, malgré l'accumulation des signes rétro rassurants - l'Aston Martin légendaire, et, comme si nous avions affaire ici à un reboot, l'apparition de M et Miss Moneypenny conformes au dogme... Le film se clôt donc sur une certaine frustration, sans doute inhérente à l'exercice. La question est plus que jamais, quoi faire désormais ? Repartir à zéro, redonner à 007 une nouvelle jeunesse maintenant que Mendes a "soldé les comptes", ou bien au contraire continuer sur le principe : "un film, un auteur", en pariant sur le talent de grands réalisateurs ? On attend Tarantino !