La malédiction des serial killers : "Le Silence des Agneaux" de Jonathan Demme (1991)
"Le silence des agneaux" fut l'un des films les plus marquants des années 90, au point de contaminer de manière durable l'imaginaire des cinéphiles comme des producteurs et scénaristes du cinéma du monde entier. L'intelligence appliquée de la mise en scène de Demme, qui est l'exemple du bon artisan respectueux de son sujet comme de son public, et la brillance de l'interprétation compensaient largement les défauts d'un sujet putassier et pas très cohérent (Les problèmes des thrillers surévalués de Thomas Harris se révéleraient plus tard, à travers les deux autres piètres adaptations de la "trilogie" de Hannibal Lecter). Malheureusement, revoir ce "classiques" plus de 20 ans après nous expose à une terrible déception, le film ayant été comme annihilé par les nombreuses copies qui en ont été faites depuis, sans parler de l'impact habituel de la course hollywoodienne à la surenchère permanente, qui fait que tout "vieux" film est automatiquement dévalué, tant sur le plan technique que sur le plan "pavlovien" des réactions qu'il suscite. On regarde aujourd'hui ce fameux "silence des agneaux", sinon avec ennui, tout du moins avec une certaine indifférence blasée, que n'aide pas le scénario particulièrement mal écrit. Tout sonne faux ici, la psychologie à la petite semaine de la fameuse manipulation de Clarice Sterling par Lecter, les rapports entre celui-ci et le tueur, la manière dont l'enquête progresse, etc. On a bien du mal désormais à comprendre pourquoi on a tant aimé le film, cela fait si longtemps déjà. Plutôt que Hopkins, certes marquant, mais qui a été bien plus juste dans de nombreux autres films, on soulignera quand même la subtilité et la force de l'interprétation de Jodie Foster, qui réussit elle à transcender le passage des années.