Retour du cheval fou (bis !): "Psychedelic Pill" de Neil Young & Crazy Horse
Oui, après cet album délicieusement foutraque que fut "Americana", un album certes irrégulier mais furieusement vivant qui en effaroucha beaucoup, "Psychedelic Pill" voit le retour du Crazy Horse le plus classique, oserais-je dire le plus consensuel, même si, clairement, sa musique n'a jamais été pour tous les goûts. Le Crazy Horse avec ses qualités éternelles - cette capacité à produire ses grandes cavalcades bruyantes au ralenti - et ses défauts, certains plus récents - comme cette "atonalité" engourdie qui tirait vers le bas les derniers albums... La bonne nouvelle, c'est que Neil Young nous offre ici au moins deux grandes chansons - les deux dernières de l'album - mais aussi pas mal de morceaux beaucoup plus inspirés que sur ses derniers disques "solo", ce qui fait que "Psychedelic Pill" pourra raisonnablement aspirer à une place honorable au sein de la longue discographie du Crazy Horse. Bien sûr, cet éternel petit plaisantin qu'est Neil ne peut s'empêcher de tirer l'album loin de la routine qui pourrait menacer en étirant les chansons au delà de toute raison, préférant le risque de la dilution à celui de l'efficacité professionnelle... et c'est bien pour ça qu'on l'aime ! On regrettera par contre une tendance grandissante dans ses textes au "c'était mieux avant", caractéristique de l'âge avançant (?), tendance heureusement tempérée par ce vieux souffle de révolte anti-système et anti-fric qui souffle régulièrement chez lui depuis les seventies rugissantes.