"Margin Call" de J. C. Chandor : supériorité du cinéma américain...
La supériorité du cinéma américain sur les autres, c'est sa capacité extraordinaire à coller à l'actualité pour fictionner sans crainte de choquer ou de troubler les pouvoirs en place (sans doute grâce au Pouvoir qu'Hollywood lui-même représente, mais c'est une autre histoire) : "Margin Call", serait-il un film raté, qu'il serait de toute façon indispensable pour sa mise en scène des premières heures de la grande catastrophe bancaire qui a plongé le monde entier dans une crise économique inédite. Mais, et c'est tant mieux, "Margin Call" est un film brillamment réussi, et ce sur tous les points : le casting malin mélangeant grands acteurs un peu "has been" et jeunes stars de la série télé fonctionne à merveille, le scénario - contre toute attente, d'ailleurs - n'est jamais manipulateur ni manichéen (si ce que nous voyons de "l'horreur économique" du "capitalisme financier" est insoutenable, "Margin Call" nous parle aussi d'êtres humains, avec leurs terribles faiblesses et leur reste de dignité), et la mise en scène, tenant magistralement le défit de l'unité de temps et de l'unité d'action, est remarquable quand on pense qu'il s'agit là d'un premier film. "Margin Call" est une oeuvre fascinante qui devrait, par les temps qui courent, être montré dans toutes les écoles du monde.