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Le journal de Pok
25 décembre 2011

2011 : le bilan musical (1)

Elbow2011, dernière année de crise planétaire avant la « fin du monde tel qu’on le connaît » en 2012 ? On ne peut jurer de rien, mais en tout cas, on continue et on continuera à écouter de la bonne, de l’excellente musique, c’est certain !

 (à gauche, Elbow, qui a tranquillement marqué 2011 de son sceau avec son magnifique « Build a Rocket Boy »)

Je lis ici et là des gens – et pas les moins intelligents – qui se plaignent que 2011 ait été une année médiocre musicalement, une année banale, une année ennuyeuse. Je dois admettre que nous n’avons pas vu, une fois de plus, émerger en 2011 un quelconque mouvement musical qui sache rénover le rock ; que nombre de jeunes artistes semblent se contenter – mais avec quel enthousiasme – de recycler les (grandes et petites) idées des années 80 et 90, qui sont désormais vues comme une sorte d’Eldorado perdu ; que nous avons un peu de mal à voir qui seront les Bob Dylan, les Leonard Cohen, les Lou Reed de demain, pour peu d’ailleurs que le Rock soit encore une musique assez vitale, vaillante, jeune pour faire éclore de tels talents…

Oui, tout cela est vrai. Faut-il se plaindre pour autant ? Non, car la créativité me semble toujours battre son plein, démultipliée, accélérée qu’elle est par le Net et les outils de communication « sociale ». L’accès planétaire immédiat à la musique inventée par quelque groupuscule obscur du fin fond du Canada ou de Nouvelle Zélande semble désormais électriser le rock, qui tourne sur lui-même à l’allure d’une lessiveuse folle. Alors, il est indiscutable que l’agonie de l’industrie discographique, et de nombre de professions essentielles qui lui sont liées, n’a pas que des effets bénéfiques : comme je lisais l’autre jour sur Libération, la disparition programmée de la figure du « producteur » de musique est peut-être une vraie menace pour la naissance de futurs chefs d’œuvre (la question qui était posée était pertinente : les Beatles seraient-ils devenus ce qu’ils étaient sans George Martin ?). Il me semble que la conséquence de cet univers – musical, mais pas seulement - chaotique qui est le nôtre, est le retour à une certaine tribalisation, à une paupérisation de la création musicale, mais en aucun cas un appauvrissement qualitatif.

Pour le futur, si nous survivons à l’effondrement financier probable de 2012, on peut s’attendre à encore plus de médiatisation d’un nombre limité de grosses merdes consensuelles et globalisées (de Lady Gaga à Adele en passant par Coldplay, même si le terme de « grosses merdes » est sans doute un peu exagéré dans certains cas) et toujours plus de mini-artistes et mini-groupes qui luttent pour survivre financièrement, à l’aide du live avant tout, et dont la durée de vie artistique est de plus en plus courte. Ce qui signifie pour nous, les fans qui aiment les jardins en friche, encore plus d’excitation à découvrir quasi quotidiennement des sons nouveaux, des idées nouvelles, souvent propulsées avec une superbe énergie du désespoir. N’oublions jamais que c’est au sein du chaos, alors que les sociétés se transforment, souvent de manière violente, alors que les lendemains paraissent les plus incertains, que le rôle des artistes est le plus essentiel.

Et dans un tel monde, souvent foudroyé par la peur, alors que les tendances les plus rétrogrades se manifestent (retour des droites extrêmes, expression décomplexée du racisme et du nationalisme, hystérie religieuse,…), la place du Rock est plus que jamais essentielle, comme vecteur de révolte spontanée, de refus des diktats, d’expression de l’amour de l’autre, d’aspiration à un monde meilleur. Oui, j’attends « la fin du monde » comme une nouvelle chance.

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