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Le journal de Pok
12 novembre 2024

The substance » de Coralie Fargeat : body splendor !

Je n'ai pas vu Revenge, le premier long-métrage de Coralie Fargeat, mais je suis un grand fan des films de Cronenberg (La Mouche et Vidéodrome sont une source d'inspiration évidente de The Substance) et de Brian De Palma (même chose pour le concept de Body Double et la douche de sang de Carrie). Je suis en outre un grand supporter, sans doute traître à la cause des mâles (oui, vous savez, ceux qui votent Trump aux USA !), du féminisme militant vu comme technique de combat sans pitié. Je suis donc en plein dans la cible de The Substance.

Par contre, même si je comprends que le concept de "marchandisation" du corps féminin, qu'il convient de se rapproprier, explique le lissé de l'image publicitaire qui prédomine dans le film, cette forme outrancière, finalement très années 80, me semble desservir le propos du film, rendant caricatural ce qui pourrait être beaucoup plus subtil, et donc efficace, avec un minimum soit de réalisme, soit de distance (rappelons-nous de la froide élégance de Cronenberg dans ses meilleurs films, Crash ou Dead Ringers...).

Après, il est indéniable que aussi bien Demi Moore que Margaret Qualley - au delà de la splendeur physique de cette dernière, parfaitement castée, donc - nous offrent ici des performances remarquables, qui justifient pleinement le visionnage d'un film qui, finalement, joue bien le jeu de l'entre-deux, entre film de genre et cinéma "commercial". Et quand le scénario perd de sa rigueur - en rompant les règles fixées dès le début (bon, on peut accepter que la seconde injection du produit d'activation matérialise la schizophrénie inhérente au doublement du corps !) - et qu'on décroche un peu, Coralie Fargeat prend une décision qui porte ses fruits : conclure The Substance dans l'outrance la plus totale. Une partie du public réagira forcément mal à ce "grand n'importe quoi" qu'est le bain de sang final et les scènes monstrueuses à la saveur de Série Z, mais on peut aisément y voir un geste profondément "punk" de la part de la réalisatrice, un gigantesque "F*ck You!" ricanant à la face du monde. Ce qui est ma foi bien sympathique.

PS : Il me semble aussi que Coralie Fargeat, involontairement peut-être, parle à demi-mots dans son film de la difficile passation de rêves et d'ambitions entre une mère et sa fille, et de la terrible rivalité que cet héritage toxique crée entre les deux. C'est en tout cas une piste intéressante, qui valait la peine d'être creusée, qui ajoute un indiscutable intérêt à un film qui, en fin de compte, s'avère moins intéressant que la somme de ses idées...

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