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Le journal de Pok
29 novembre 2024

"The Devil's Hour - Saison 2" de Tom Moran : un successeur pour Dark ?

Il y a deux ans exactement, le machiavélique scénariste Tom Moran nous avait secoués avec son The Devil’s Hour, présenté à l’époque comme une mini-série : mélange de thriller et de science-fiction, tournant autour d’un personnage ambigu remarquablement « incarné » par un Peter Capaldi au meilleur de sa forme. 6 épisodes fascinants qui débouchaient sur une « explication » ébouriffante. Et qui nous laissaient sur un sentiment de « trop peu ». Heureusement, The Devil’s Hour est devenu une série au sens plein du terme, avec une seconde saison qui vient d’être mise en ligne, et la promesse d’une troisième…

Heureusement ? Ce n’est pas aussi évident que ça : le « reset » effectué au premier épisode (DI Chambers), qui voit Lucy Chambers devenue une enquêtrice dans la police britannique et rencontrer « à nouveau » le « tueur en série » Gideon Shepherd, n’apporte aucune réponse additionnelle à celles du dernier épisode de la première saison, et donne au contraire le sentiment d’augmenter la confusion dans nos esprits : après tout, les interactions soudaines, fantomatiques, entre ce que l’on pourrait interpréter comme les différentes « versions » de la réalité qui se répètent infiniment (mais on n’a peut-être rien compris !), et le fait que Lucy, comme Gideon, aura désormais des souvenirs de ses « vies précédentes », ne sont jamais réellement « expliquées » (même si, évidemment, il vaut mieux abandonner sa logique rationnelle en regardant The Devil’s Hour !). Surtout, The Devil’s Hour fonctionnait avant tout sur le mystère de l’existence de Gideon, qui n’a plus lieu d’être cette fois : il nous faut donc accepter la réalité d’une série fondamentalement différente, qui doit à la fois trouver un nouveau sujet et un nouveau personnage central.

C’est à partir du second épisode (Red Lines) que commence réellement « l’histoire », qui se déroulera sur seulement trois épisodes d’une heure. Nous n’en dirons rien pour préserver la surprise, mais on peut révéler que le « défi » que veulent relever Gideon et Lucy (de manière un peu moins convaincue et enthousiaste) est complexifié par une double narration oscillant entre deux « réalités » différentes, ainsi que ces fameuses « interactions » qui obligent nos « voyageurs » à se cramponner à des objets les raccrochant à leur réalité. Le miracle est que, peu à peu, tout cela devient passionnant, avec une formidable montée en tension au fur et à mesure que la saison progresse, jusqu’à une conclusion terrible (Birth of a Tragedy, un titre d’épisode qui a quelque chose d’un spoiler !).

Ce labyrinthe mental, parfois inextricable, évoque de plus en plus la magie de l’extraordinaire série allemande Dark, qui a marqué tous ceux qui l’ont regardée. C’est un niveau d’excellence que The Devil’s Hour n’atteindra pas complètement, soyons sincères, peut-être parce la logique à l’œuvre ici est moins solide que celle de Dark, et que la complexité est moindre, avec moins de personnages. Néanmoins, on retrouvera ici, assez régulièrement, la même fascinante sidération que devant Dark… à condition bien entendu de savoir offrir à The Devil’s Hour sa complète attention (pas question de regarder la série avec son téléphone portable à la main : elle ne fonctionnera pas sans un engagement total du téléspectateur !).

La grande force de The Devil’s Hour se situe néanmoins au niveau de son interprétation : c’est cette fois Jessica Raine qui est le centre de toute l’attention, Peter Capaldi ayant beaucoup moins à faire, et il faut admettre que le travail de Raine est spectaculaire de finesse, entraînant avec elle tout le reste du casting. Même si l’on connaît l’excellence de la télévision britannique en termes de jeu des acteurs, on se dit qu’on arrive ici à des sommets… Et on attend avec impatience la troisième saison, qui devrait consister en un nouveau « reset », de nouvelles répétitions, et donc un nouveau challenge pour Tom Moran !

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