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Le journal de Pok
3 août 2024

"Maxxxine" de Ti West : pour les fans des films des années 80 de De Palma et Carpenter

Avouons-le tout de go, afin d'éviter tout malentendu : nous sommes des fans absolus du cinéma de John Carpenter et de Brian De Palma. Oui, même de leurs films seulement à demi-réussis que nombre de cinéphiles méprisent. Du coup, voir Ti West, après son coup de chapeau mémorable à Tobe Hooper (X), nous livrer un aussi bel exercice de style reprenant forme et fond des films les plus "cradingues" de nos deux idoles, nous a procuré des frissons et des joies que nous ne pensions pas revivre dans une salle obscure. Nous aurions bien envie, du coup, de mettre la note maxxximale à Maxxxine, délirant film de slasher, débordant d'outrance gore et de "sexitude" totalement déplacée en 2024, ridiculisant grâce à l'intelligence de sa mise en scène à peut près la totalité du cinéma d'horreur commercial de notre époque.

Mais, même sortant ravis de la salle, il nous faut objectivement tempérer nos ardeurs, et admettre que tout n'est pas excellent dans Maxxxine, sequel du fameux X : l'écriture aurait pu être plus soignée (certaines réactions et certains comportements de Maxine Minx ne sont totalement "logiques"), certains seconds rôles - confiés à des acteurs de premier plan - auraient pu être mieux écrits (on pense à Michelle Monaghan, Bobby Cannavale ou Giancarlo Esposito, qui ne sont pas très bien servis, à la différence de Kevin Bacon, qui semble tout droit sorti du Chinatown de Polanski, savoureux !), l'affrontement final est plutôt bâclé, la réflexion sur la difficulté de percer à Hollywood et sur ce qui fait qu'on devient une star est trop superficiel, etc.

Ce sont là les limites indéniables d'une production pas totalement aboutie, d'un film qui aurait - pour une fois - mérité un quart d'heure de plus, manquant par exemple de scènes de tournage qui auraient pu donner du sens au talent "naturel" de Maxine (car Mia Goth, comme actrice, a quant à elle toute latitude de nous prouver son incroyable charisme, en dure à cuire d'anthologie !), et qui auraient également permis à Elizabeth Debicki de figurer autrement que par des mots ses fameux principes "d'auteur" travaillant dans le cinéma de genre (qui évoquent bien entendu les propos récurrents d'un John Carpenter !).

Mais pour le reste, quel régal ! La peinture des années 80, époque délirante de tous les excès, aussi bien du côté de la débauche que de la montée du puritanisme réactionnaire allié au nouveau capitalisme "à la Reagan", est absolument jouissive (même si l'on regrette que Ti West n'ait pas été jusqu'à filmer avec de la vraie pellicule !). La composition du personnage de Maxine, rescapée de la tuerie de X (qu'il n'est pas absolument nécessaire d'avoir vu avant, même si ça aide à comprendre les flashbacks et la conclusion) et cherchant la gloire dans le cinéma, est remarquable : elle nous rappelle aussi de manière pertinente qu'il existe d'autres formes de féminisme que celles que l'on promeut aujourd'hui (ah, celle scène de l'agression dans la ruelle, qui devrait devenir mythique !). Et la mise en scène de Ti West, au delà des références hitchcockiennes incontournables et du split screen "depalmesque", a quelque chose des meilleurs giallos de Dario Argento, et transcende systématiquement tous les clichés du genre, avec un panache qui fait plaisir à voir.

On attend maintenant que Ti West nous propose un troisième film sur la trajectoire de Maxine, ce que les derniers plans laissent espérer ! Mais également voir le talent de Mia Goth utilisé par d'autres auteurs !

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