Au purgatoire du film d'action : "Une journée en enfer" de John McTiernan
A sa sortie, ce troisième volet de la série Die Hard, après la déception du second, nous avait bien réjouis : à partir d'une idée maline, même si reprenant largement les principes de Piège de Cristal, McTiernan nous avait offert un film d'action extrêmement ludique, insensé, avançant à un rythme infernal, parsemé de bons mots et de scènes spectaculaires, et illuminé par la complicité évidente entre Bruce Willis et Samuel L. Jackson dans l'un de ses premiers rôles à forte visibilité.
Le problème est que, en dépit du savoir-faire étourdissant de McTiernan, qui en remontrerait toujours aux tâcherons hollywoodiens actuels armés de leurs effets spéciaux paresseux, ainsi que du charme de Willis, Une journée en enfer a vieilli : sa violence sur-dimensionnée nous fatigue désormais autant qu'elle épuise son héros en pleine gueule de bois ; son scénario, après un excellent départ avec la scène inoubliable de McLane en homme sandwich à Harlem, suivie par la traversée jouissive en voiture de Central Park, accumule finalement trop d'invraisemblances pour ne pas nous laisser en plan à mi-course. Pire, et, ce n'est pas la faute de McTiernan, les scènes d'explosion dans New York résonnent aujourd'hui très désagréablement du fait de leur écho avec les images bien réelles de 9/11.
Maintenant, il faut reconnaître que revoir le Manhattan brut et cradingue des années 90, avant sa gentrification, se révèle presque magique. Si l'on ajoute la clarté du discours "racial" de l'époque par rapport à ce que nous vivons aujourd'hui, il est intéressant de regarder ce Die Hard with a Vengeance comme un documentaire involontaire sur une Amérique dont la vitalité - et la santé mentale - de l'époque ne peut que nous interpeler.