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Le journal de Pok
17 juin 2024

"Les guetteurs" de Ishana Shyamalan : népotisme et contes de fées

Être « fils de » ou « fille de » n’est pas très bien vu, surtout en France où l’on soupçonne les héritiers d’artistes reconnus de bénéficier de passe-droits injustes. Mais être « fils de » ou « fille de » est surtout une sorte de malédiction, tant le talent parental sert systématiquement de référence et de point de comparaison, injustes cette fois pour le rejeton ! Ishana Shyamalan, fille de M. Night, tend les verges pour se faire fouetter puisque, après avoir fait ses premiers pas à la réalisation aux côtés de papa pour la série Servant, elle se fait désormais produire – et financer ! – par lui, et travaille dans le même registre de fantastique, qui plus est avec twist final…

The Watchers (titre original pertinent par rapport au sujet du film, ce que Les guetteurs n’est pas) n’est pas un scénario « made in Shyamalan« , mais est l’adaptation du premier livre d’un jeune auteur irlandais, A.M. Shine. Et son adaptation à un système de narration très « shyamalanien » est sans doute le premier défaut criant du scénario du film, les « contes et légendes irlandaises » ne faisant pas très bon ménage avec la routine du cinéma fantastique US, et la volonté de rajouter du « concept » dans la sauce (les captifs donnant des représentations théâtrales à leur geôliers qui les observent sadiquement) transforme The Watchers en un gloubi-boulga de genres assez lourd sur l’estomac… Sans même pointer une évidence, c’est que, pour son premier film, Ishana ne semble pas avoir le même talent de mise en scène que son père, cette intelligence du filmage qui fait même les films médiocres de M. Night – et il y en a eu plusieurs, on le sait – restent regardables, pour peu qu’on s’intéresse à la forme cinématographique. Ici, il faut bien reconnaître qu’à mi-parcours, on s’ennuie ferme tant Ishana échoue à créer une atmosphère convaincante, tout en abusant de « jump scares » de bas niveau, indignes de son nom de famille.

Nous ne l’avons pas expliqué, parce qu’il vaut mieux en savoir le moins possible sur The Watchers pour profiter d’un minimum de surprise, mais le point de départ du film est une histoire assez traditionnelle de jeune femme se perdant dans une « forêt primaire » irlandaise, et se retrouvant prisonnière avec un groupe d’autres personnes égarées avant elle. Mais prisonnière de qui, et pourquoi ? Si, comme on l’a dit, la réalisation du film est l’une de ses grosses faiblesses, la travail toujours impeccable de Dakota Fanning comble régulièrement les trous et les invraisemblances du scénario, et cela reste un plaisir de la voir incarner un tel personnage de femme blessée depuis un drame datant de son enfance, et tentant de se reconstruire face à l’adversité. Et Fanning constituerait presque à elle seule une bonne raison de supporter les tunnels du film…

Et puis il y a la dernière partie, le fameux twist, pas si bête en fait, qui nous vaut au moins un dernier quart d’heure intéressant, et nous permet de sortir de la salle pas trop frustrés par cette expérience globalement peu convaincante. Il n’est quand même pas certain que l’on se précipitera au prochain film de « la fille de » Shyamalan.

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