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Le journal de Pok
22 mars 2024

"The Gentlemen" de Guy Ritchie : (Slowly) breaking bad…

On ne peut pas dire que nous présenter une nouvelle série TV comme « créée par Guy Ritchie » génère une réelle motivation chez le cinéphile moyen, étant donné le pedigree du cinéaste britannique, responsable de bien plus de navets irregardables que de bons films (Snatch, même si certains le critiquent pour ses excès, risque de bien de rester à jamais la plus belle réussite de Ritchie, et l’abattage de Brad Pitt dans un rôle inoubliable de gitan retors y est pour beaucoup…). D’un autre côté, intituler cette série The Gentlemen, soit le même titre que l’un des autres films plutôt réussis de Ritchie, et qui plus est en reprendre largement le thème – lutte entre gangsters pour contrôler le trafic de drogues en Angleterre + culture de cannabis organisée chez un aristocrate – rassure un peu. Sans même mentionner le fait que Ritchie ne réalise que deux épisodes sur les huit de la série, ce qui nous protège quand même partiellement de ses excès !

Bref, The Gentlemen est un joli petit succès, aussi improbable soit-il : sur un thème désormais bien usé, celui de la métamorphose d’un « type bien » (Theo James, impeccable et parfaitement crédible à chaque étape de sa trajectoire) en pur criminel, la série déploie bien des charmes, grâce en particulier à un casting tantôt parfaitement évident (Joely Richardson en artistocrate, Giancarlo Esposito en truand raffiné et implacable, Ray Winston en parrain), tantôt surprenant : l’une des grandes réussites de The Gentlemen est le formidable personnage de Susie Glass (la quasi inconnue Kaya Scodelario, absolument parfaite), une femme forte qui ne sacrifie pourtant jamais aux clichés du féminisme à la mode d’aujourd’hui.

De la même façon, le scénario joue intelligemment de son absolue prévisibilité – avec une succession de clichés réjouissants et un peu paresseux – pour nous ménager de très amusantes surprises – comme dans la dernière ligne droite qui évite largement le déchaînement de violence que le téléspectateur attendait (espérait ?)…

Au point qu’à la fin, même si l’on pourra difficilement dire qu’on vient d’assister à un spectacle particulièrement raffiné, et subtil, on en arrive à se demander si, en fait, on n’a pas été parfois trop dur avec Guy Ritchie… En matière de divertissement feelgood et réjouissant, et surtout sans aucune prétention mal placée, son The Gentlemen est une réussite réelle, qui tranche plaisamment avec les recettes souvent toutes pareilles appliquées aux séries Netflix habituelles…

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